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AUDREY MATT AUBERT

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La pratique artistique d’Audrey Matt Aubert s’articule essentiellement autour d’une réflexion sur l’architecture et les formes qu’elle produit. Si sa peinture s’attache plus particulièrement à l’exploration des motifs qui caractérisent certains grands ensembles (suivant un traitement souvent proche de l’abstraction), le dessin lui permet d’introduire une dimension plus fantasmagorique, marquée aussi bien par le surréalisme que par la lecture des théories sur la ville générique et le développement des grandes métropoles modernes.

 

Pour ses récents dessins, l’artiste a puisé dans les civilisations les plus anciennes un corpus de formes archaïques et d’habitats thériomorphes3, auquel elle n’hésite pas à adjoindre, par collage et contagion, le systématisme et la rigueur des constructions les plus contemporaines. En soumettant ces architectures aux principes d’un développement rhizomique et modulaire, qu’elle emprunte aux mondes animal et végétal, Audrey Matt-Aubert parvient à substituer sans heurt l’alvéole aux éléments standardisés de construction, pour dévoiler la parenté inattendue qui lie la forme d’une ruche à celle de nos habitations contemporaines. Ailleurs, un exotisme composite, peuplé de palmacées indistinctes, vient s’immiscer dans les interstices d’une structure précaire, qui tient tout autant du monument que de l’attraction. Par ces manipulations, Audrey Matt Aubert parvient à réconcilier les régimes du métaphorique et du littéral, au prix d’une hybridation saisissante et d’un déplacement simultané de l’arti ciel vers l’organique et du vivant vers le synthétique.

Se dressent alors d’étranges chimères architecturales, qui, déposées sous la clarté limpide d’un lointain désertique ou plongées dans l’obscurité sourde d’une nuit opaque, s’imposent à nous comme les décors et les protagonistes d’une histoire universelle : celle du phantasme de la ville sans histoire, synthèse irrésistible de toutes les autres et vouée pour l’éternité à une croissance sans borne ni contrainte.

Thibault Bissirier, septembre 2017

Ancre 1
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