En avançant dans ma recherche certaines questions reviennent constamment. La construction de la peinture place le regardeur.
La construction perspective de la Renaissance le fait advenir comme unique sujet. Qu’en est-il si il n’y a plus de représentation ? Si la peinture est abstraite ?
Où se place le sujet de la peinture abstraite autant dans l’espace réel que sur la toile ?
Voici le postulat de départ.
Devant chaque tableau s’opère un jeu à trois variantes. Ce qui est peint, sa position dans l’espace, la place que cela donne au regardeur. La question de la projection dans l’espace du tableau m’est chère. Pour faciliter cette sensation j’ai d’abord peint des débuts d’espaces, des lieux architecturés, des sols, des murs, des plans. Ceux-ci sont ensuite devenus des pans colorés, des lignes, des formes géométriques simples. J’ai poussé cette recherche jusqu’au lieu coloré absolu, le monochrome.
La condition de regard qu’entraîne le tableau m’interresse plus que ce qui est peint. C’est ce que je rejoue en faisant dialoguer un monochrome, qui agit comme un point focal au mur, et un schéma dessiné via ordinateur qui paraphrase la situation de la peinture. Mais en même temps au vue de sa taille implique une autre échelle de regard.
Qu’est ce que cela tente de dire sur la relation physique et mentale que cela génère ? Qu’y a t il entre ces deux propositions ? Quel type d’espace ? Je peints des monochromes en penssant autant à Dechirico et à Bacon qu’à Malevitch. Il y a une importance pour moi dans la manière dont l’objet tableau et l’image communique. C’est pourquoi j’ai décidé de quitter le châssis et de peindre sur bois. Cela me permet d’avoir une forme aux bords et aux arrêtes plus nets. Généralement je laisse les tranches nues. J’aime la sensation de jaillissement de la surface peinte que cela produit. Dernierement je m’attache à l’idée de reflet, ou de lumière. Une fois peintes ces lumières viennent troubler la nature du tableau, quelque part entre surface et profondeur.