Accrochage à l' atelier Le Houloc - 2021.jpg
Le travail de l'artiste Mikaël Monchicourt est fait de détours, de tâtonnements, de questionnements dont l’issue est à rechercher dans un recoin labyrinthique de l’esprit. La pratique ondoie, tout comme les idées chez l’artiste qui procède par assemblage, accumulation, distorsion et effacement combinant des éléments hétérogènes (peinture, encre, impression, colle blanche, aluminium, rhodoïd, tissu, couverture de survie) donnant corps à une image concentrée, où le chaos devient équilibre formel. Mikaël Monchicourt décortique, brise, tisse à l’infini des liens entre les images, les mots, leurs sons, leur forme pour les faire basculer d’un état de symbole à celui de matière, physique et palpable, soumise à la loi de la gravité et aux flux.
Les images et les médiums s’entremêlent, se recouvrent pour finalement être piégés dans la résine. L’épaisseur devient plane, compressée, ne laissant que le souvenir de son histoire et de ses aspérités. On voit sans voir, on imagine plutôt, tel un archéologue qui recrée ce qui a pu se jouer sur son lieu de fouille.
Les œuvres de l’artiste sont autant le résultat d’une pratique minutieuse, maîtrisée et consciente que d’une recherche empirique faite de rencontres hasardeuses sur Google Image, de concours de circonstances et d’expérimentations. Il s’interroge sur les circonstances d’existence d’une image, sa mise à distance tout en la précipitant sous une résine qui se voudrait inaltérable.
L’artiste suit ainsi la route sinueuse de ses obsessions se transformant en collectionneur de statistiques (Le bureau du stat- isticien, 2014 ; série Stats, 2021) de lettres (Collection de lettres, 2018), de formes, n’hésitant pas à réemployer les images de ses œuvres qu’il dissèque pour leur donner une autonomie et les faire entrer dans un nouvel inventaire (série Sans titre, 2021). (...)
Myriam BOUTRY, juin 2021