ETC, 2022, oil on canvas, 146 x 114cm
Née en 1996, Valentine Esteve est une artiste française pluridisciplinaire travaillant principalement la peinture, la broderie et l’acier. Elle a débuté sa formation à l’Atelier de Sèvres, puis a poursuivi ses études aux Beaux Arts de Paris dont elle est sortie diplômée en juillet 2020. Elle a exposé en France ainsi qu’en Corée du Sud lors d’un séjour à l’Université Nationale des Arts en 2019.
“Valentine Esteve travaille avec tout son corps.
Sans cesse, elle cherche, construit, déplace, disloque, soude. Elle se confronte à l’indocilité des matériaux, qu’elle tord tout en écoutant leur réticence. Son travail contient une pluralité de matières brutes, du métal à la laine, en passant par le bois ou l’argile.
Toujours en mouvement, Valentine répète ses gestes.
Il y a la performance de l’action, de la réitération, de l’éternel recommencement. Faire et refaire inlassablement, des milliers de coquillages à l’argile au doigt avec la même agilité et des infimes variations. Sa main, présente dans toutes ses pièces, n’y figure, pourtant, jamais.
« Le sujet s’efface devant le travail de création qui mobilise alors toutes ses facultés. Il ne se réalise que dans l’action. En parvenant à s’oublier, il se libère d’une conscience accaparée par elle-même » (Disparition, Valentine Esteve, 2020)
Valentine marche.
Son travail revêt assez peu les stigmates de son effervescence. Bien au contraire, celle-ci se dilue dans ses œuvres où le temps semble suspendu. Ses motifs récurrents trahissent son exploration sensible de l’espace urbain. La géométrie des fenêtres, les aléas de la réfraction de la lumière dans les vitres, ou celle qui point à travers les feuillages, se distinguent en ombre dans sa peinture.
Elle traduit un regard, celui de l’artiste qui guette la sensation, dénonce celui de la caméra qui surveille la foule. Tout n’est que trace, empreinte, projection. Le vide est découpé par la présence de la lumière dans des teintes monochromes. Palette minimale, seules certaines teintes reviennent comme des échos : l’acier, le rouge, ou encore le blanc.
Dans ses sculptures, le vent s’érige en clou, la lumière en métal, le papier se fond pour devenir vitrail.
Comme si ses œuvres se retenaient, discrètes, de ne pas reconstituer artificiellement le réel qu’elles suggèrent. Cet univers urbain fictionnel débarrassé des individus et du bâti, devient le témoin de traces d’exploration que la lumière et le temps ont constituées.
Valentine crée ainsi des espaces où l’intimité de son regard, nous amène à reconsidérer les formes et leurs absences que nous côtoyons dans notre quotidien en arpentant nos villes. ”
Juliette Bonhoure