# 14 - ALEXIS GUILLIE
04/10/2024
Le film porte sur l'incendie de la discothèque le Purgatoire à Beyrouth en 1968 lors du tournage du film Nous sommes tous des fedayin.
Purgatoire (Le cinéma qui tue), 61:45.
Alexis Guillier, 2023.
Production : Forecast.
Avec Samir Abou Saïd, Hussein Al Sayyed, Samir Chamas, Sami Ghosn, Mirvat Kousa, Christiane Mallouk, Salah Tizani.
Caméra et son : Fady El Nachme
Montage : Théo Carrere
Bande originale et mixage son : Voiski.
Alexis Guillier se consacre à des films, installations, performances et textes qui sont des montages narratifs, nés d’investigations dans l’histoire collective et les histoires individuelles. L’entraînant de la falsification à la déformation et la disparition des œuvres, d’un accident de tournage aux vaisseaux fantômes, ou à gravir les contours de la géante Notre-Dame de France, ses formes mêlent des documents et objets très divers, qui coexistent dans l’histoire culturelle mais ne s’y associent que rarement.
Ses sujets d’investigation lui font observer la circulation des images et des productions culturelles, la formation des imaginaires et les conditions d’existence de la fiction, les interactions entre les actions personnelles et les Histoires souvent nationales, sous un angle tant esthétique qu’anthropologique. Attachée à l’indétermination des objets investis, la transmission de ces récits s’interroge elle-même, restant toujours sur une ligne incertaine, entre subjectivité détachée et lyrisme documentaire. Les formes et projets se construisent à travers des analogies et des associations d’idées, et les processus d'enquête et de montage, en collant ensemble des morceaux découpés dans plusieurs histoires ou sources, semblent aussi témoigner d’un rapport existentiel au corps.
Il achève actuellement une thèse qui vise à l’écriture d’une histoire des accidents de tournages ayant causé des morts et des blessures graves, accidents révélateurs des tensions entre production et représentation, entre la réalité matérielle et les puissances des imaginaires.
Biographie des invités :
Alexis Guillier a exposé, présenté des films ou des performances dans des lieux tels que radialsystem, Berlin, la Villa Médicis, image/imatge, le Creux de l'enfer ou le Palais de Tokyo. Lauréat du programme Forecast (2022-2023), il a bénéficié de résidences au Pavillon, à la Box et à l’ESACM. Actuellement professeur à l'École Media Art du Grand Chalon et doctorant du programme de recherche-création RADIAN, il a également enseigné à Paris 8 et à l’Université de Caen. Ses projets M for Mondrian, Artless, Twilight Zone, et Neverland ont été publiés. Twilight Zone a été soutenu par la Fondation des Artistes et le CNAP, La réalité éclatée par la Fondation des Artistes et l’Institut Français. Son film Notre-Dame de France figure dans la collection du CNAP, Reworks dans le Fonds Départemental d’art contemporain de Seine-Saint-Denis.
https://alexisguillier.com
Théo Carrere a suivi un parcours dans l’audiovisuel, avec un BTS en montage, puis une licence à l’Université Paris 8. Il travaille depuis plusieurs années en tant que monteur, participant à divers projets de cinéma et de télévision.
En 2015, il co-fonde le DOC, un squat artistique situé dans le XIXe arrondissement de Paris. Au sein de cette structure, il met en place une résidence de post-production qui soutient chaque année une dizaine de projets audiovisuels.
Via ce collectif, Théo a collaboré avec des artistes comme Marielle Chabal, Pierre Paulin, Matthew Lutz Kinoy, Alexis Guillier, Laurent Lacotte et Cecilia Bengolea sur des projets d’installation et d’art vidéo. Plus récemment, il a débuté une carrière de réalisateur en signant un court métrage "Collisions" co-réalisé avec Thibaut Tavernier et produit par le G.R.E.C..
https://theocarrere.com/
# 13 - SACHA REY
26/05/2023
À l'occasion de la reprise des soirées VHS au Houloc, nous recevrons
l'artiste Sacha Rey qui a répondu à notre proposition en invitant à son tour l'artiste Anthedemos
Cette soirée permettra la projection de deux oeuvres vidéo : But I'm a Cheerleader réalisée par Sacha Rey en 2023, ainsi que de Erebo Rose, réalisée par Anthedemos en 2023 également. Il s'en suivra une discussion ouverte entre les artistes et le public.
BUT I'M A CHEERLEADER
Cette installation vidéo documentaire a pour ambition de comparer les différents statuts et modes de rémunération dans le secteur culturel, qui pourraient accroître les violences systémiques. Je propose à des travailleur·euse·x·s de l’art d’incarner un·e·x cheerleader et de témoigner au sujet de ses conditions de travail tout en faisant une pratique sportive de son choix. Les pratiques sportives et/ou l’utilisation des arts performatifs sont ainsi employés comme moyen « d’empowerment » d’expériences minoritaires afin de résister à l’objectification des corps. J’utilise la méthode de travail que je nomme « danse documentaire » pour représenter des corps marginalisés à partir de leurs savoirs corporels. Aussi, ce dispositif filmique me permet de faire un parallèle entre le secteur culturel et le milieu sportif professionnel où les questions de compétition, de performance, d’épuisement des corps-sujets sont présentes. Les participant·e·x·s du film se donnent ainsi pour mission de s’auto encourager et de créer un espace de résistance face secteur culturel hautement compétitif. Au travers de la figure de la cheerleader, je souhaite également m’éloigner des représentations cis-hétéro-patriarcales qui lui sont bien souvent assignées. Le titre est en référence à la comédie lesbienne « But I’m a Cheerleader » de Jamie Babbit sortie en 1999.
# 12 - ARNAUD DEZOTEUX
20/05/2022
FRONTAL
Une légende et un artiste émergent, des special guests à la croisée de l'art contemporain, du cinéma et de la télévision.
Des pionnier.ères, des recalé.es, des promoteur.ices.
Invité.es:
Bill Viola + special guests
Arnaud Dezoteux est né en septembre 1987 à Bayonne.
Diplômé en 2011 des Beaux-Arts de Paris, ses films et installations s'intéressent à la télé-réalité, au coaching de séduction ou au bodybuilding et utilisent souvent le studio d’incrustation sur fond vert comme le lieu d’une confrontation atypique avec les acteurs, faisant coïncider les coulisses, l’improvisation et l’effet spectaculaire. Après une exposition personnelle à la galerie Edouard Manet à Gennevilliers (2016), il a présenté son film «Miroir de Haute-Valnia» au Centre Pompidou (2017) et un projet autour de Billy the Kid à la Fondation Pernod-Ricard (2021). Ses films ont été montrés au Confort Moderne à Poitiers, à Lafayette Anticipations, au Palais de Tokyo, à la galerie 221A à Vancouver ou à la Galerie Forde à Genève. En collaboration avec Glassbox, il prépare actuellement un projet de film sur les communautés de joueur.euses de Jeu de Rôle Grandeur Nature.
Arnaud Dezoteux intervient régulièrement en section Cinéma à la HEAD à Genève.
Bill Viola est né en janvier 1951 à New-York.
A l’âge de six ans, Bill tombe d’une barque et manque de se noyer. Pendant sa perte de connaissance, son sentiment de plénitude totale et les images d’une beauté extraordinaire qu’il a vu sous l’eau n’ont cessées d’être déclinées dans son oeuvre. Pour lui, l’eau est le lieu du commencement et de la fin. En 1973, Viola obtient une licence en beaux-arts option Experimental Studios de l’université de Syracuse, où il étudie les arts visuels et la musique électronique. Il est titulaire de plusieurs doctorats honorifiques. Tout au long de sa carrière, qui s’étend sur quatre décennies, Viola utilise les technologies les plus récentes pour créer des installations vidéos, de la musique électronique, des paysages sonores et des émissions de télévision. Le travail de Viola explore souvent les thèmes de la spiritualité et de l’introspection, invitant le public à se connaître davantage grâce à leur perception de l’expérience sensorielle. Des expériences humaines transcendantales comme la mort, la naissance et la compréhension de la conscience sont des thèmes clés dans l’art de Viola. Certaines de ses œuvres les plus connues comprennent The Crossing (installation son et vidéo, 1996), The Reflecting Pool (cassette vidéo, 1977 - 1979) et The Passing(cassette vidéo, 1991).
Lors de la Biennale de Venise en 1995, Viola réalise The Greeting, une vidéo sur une peinture du XVIe siècle de l’artiste italien Pontormo (Jacopo Carucci) (1494 - 1557). Par ailleurs, Viola recourt également à de nombreux autres supports. Il a reçu de nombreuses récompenses, dont la bourse de la fondation MacArthur Foundation en 1989 et en 2006 il est nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement français. Parmi les expositions importantes figurent Installations and Videotapes (1987) au MoMA et A 25-Year Survey (1997) au Whitney Museum of American Art à New York, ainsi que Hatsu-Yume (First Dream) (2006 - 2007) au musée d’art Mori à Tokyo. Viola vit et travaille actuellement à Long Beach en Californie.
# 11 - MAGALI DOUGOUD
10/04/2022
La vidéo Le Continuum Bleu, tourné à Berlin en 2020, explore l’histoire de femmes assassinées ou poussées au suicide dans les rivières, canaux, étangs et lacs de la ville. Rosa Luxembourg, Joana, Franziska Schanzkowska, Lena Sand, Esma Yalabik, Lucie Berlin sont quelques-unes de ces femmes, figures historiques ou anonymes, dont les corps marginalisés et les subjectivités dissidentes, se sont trouvés précipités dans les flux asservissants du monde liquide. Syndrome ultime du désengagement que porte l’injonction à la flexibilité capitaliste, la dissolution en avalanche de ces corps minorés dans les eaux de la capitale allemande glace la métaphore. La Spree, le Landwehrkanal, le Karpfenteich, la Havel, le Teltowkanal ou la Sachsendorfer Badesee, où Magali Dougoud immerge ainsi anarchiquement sa caméra sur les traces de ces femmes disparues, offrent, par effets de surexpositions et de brouillages visuels induits par les agitations d’une eau menaçante, le spectacle désordonné et aveugle d’un bain opaque, dont l’artiste s’attache à faire remonter à la surface des identités multiples, des histoires incomplètes et des personnages spéculatifs.
Extrait de Femmxs vagues, eaux troubles de Julie Sas
Originaire de Suisse, Magali Dougoud a résidé un an à Paris à la Cité Internationale des arts en 2021. Elle réalise actuellement un nouveau projet à Kinshasa en RDC grâce au soutien du Kin ArtStudio et de Pro Helvetia. Elle partira ensuite en résidence à Berlin dès juillet 2022. Son travail a été présenté dans différents espaces d'art, musées et festivals en Suisse et en Europe, au Chili et en Colombie, aux Etats-Unis et en Chine. Elle a participé à plusieurs résidences, notamment au CAB en Terre de Feu à Puerto Yartou (CL) et à Air Berlin Alexanderplatz (DE).
À l’occasion de cet événement, Magali Dougoud présentera sa vidéo Le Continuum Bleu (45mn, vofr/steng, 2021) ainsi que d'autres œuvres vidéos disséminées dans les espaces du Houloc.
Elle invite CLAIRE LUNA, curatrice et critique d’art, pour animer cette séance.
Dans son travail, Magali Dougoud démantèle les récits historiques et scientifiques dominants pour trouver d'autres subjectivités possibles. Elle développe un imaginaire féministe émancipateur à travers des notions telles que la liquidité - comme moyen de connexion hétérogène -, la violence, l'érotisme, l'intelligence plurielle et inter-espèces. Son travail est inspiré par l'hydroféminisme, soit l'idée que nous sommes tousxtes des "Bodies of Water". L'eau, en tant que motif omniprésent dans son travail, permet à des figures ambiguës et hybrides, souvent en révolte, de créer de nouveaux récits dans lesquels les voix se multiplient et se superposent.
www.magalidougoud.org
Diplômée en histoire de l’art moderne et contemporain de la Sorbonne Paris IV et de la PUCP (Lima - Pérou), Claire Luna est critique d’art et commissaire d’exposition indépendante. Elle a réalisé ses recherches aux Etats-Unis (New York) et dans de nombreux pays d’Amérique du Sud (Pérou, Équateur, Colombie, Paraguay, Uruguay) avec lesquels elle travaille régulièrement.
Membre du CEA, de l’AICA, de Jeunes Critiques d’art et responsable du développement Amérique latine de YACI (plateforme internationale de critique d’art), elle a été commissaire associée de l’exposition itinérante Sens-fiction (Tripostal, Lille & Lieu Unique, Nantes). Lauréate du « programme inédit de résidence curatoriale à la Cité internationale des arts & le CNAP » et du « Programme 2/12 » sur mesure, elle est actuellement lauréate de « Œuvres en résidence » avec l’association Citoyenneté Jeunesse en partenariat avec la Collection départementale d’art contemporain de la Seine-Saint-Denis. Dans ce cadre, elle prépare une exposition avec les élèves du collège Louise Michel de Clichy-sous-bois autour de l’eau.
Outre son intérêt pour les scènes artistiques non occidentales et les oublié.e.s de l’histoire, Claire Luna cherche à repérer ce qu’elle pourrait identifier comme une tendance ou un sujet du contemporain, souvent à la croisée de différents champs d’étude et surtout au gré des rencontres. Aussi, a-t-elle imaginé La rencontre des eaux, un cycle d’expositions, de rencontres et de performances (2 mois) autour de l’eau comme matière politique et poétique à la Cité Internationale des arts & le CNAP. L’idée de déplacement l’intéresse particulièrement, celui du regard et celui des corps. Elle est à la recherche du réenchantement de notre temps par la poésie, le rêve, la croyance ou le sacré.
IG : claire__luna_
# 10 - PATRICKANDRÉDEPUIS1966 & CHRISTINE JOUVE
05/11/2021
patrickandrédepuis1966 & CHRISTINE JOUVE
Ces derniers réaliseront une performance, LES BEAUX SOUCIS # 03 - Les parfums, qui propose "d'offrir une troisième dimension à l'image par la présence d'un corps en mouvement. (...) Une forme qui ne résout pas mais une présence qui cherche à s'ajuster."
Sur un mur est projeté une succession de séquences vidéo autonomes accompagnées d’une phrase écrite et d’une musique.
A côté de cette projection, se déroule une phrase dansée, dans la continuité et la lenteur.
patrickandrédepuis1966 est plasticien, performer et vidéaste. Formé aux écoles d'art de Dijon et de Nantes puis au Fresnoy (studio national des arts contemporains) de Tourcoing. Son travail se développe autour de différents medias.
Christine Jouve se forme à la danse contemporaine au conservatoire de Montpellier.
Imprégné de correspondances musicales et littéraires, son travail chorégraphique se caractérise par la précision de l'intention et du sens accordé à chaque geste. Depuis 2006, elle collabore avec patrickandré1966.
# 9 - ANNE-CHARLOTTE FINEL
25/06/2021
Le Houloc reprend la programmation de ses soirées de projections de films d'artistes
À l'occasion d'une soirée VHS, Anne-Charlotte Finel a choisi d'inviter Guillaume Constantin artiste et programmateur arts visuels aux Instants Chavirés. Ils échangeront autour du travail d'Anne-Charlotte et à propos de l'exposition "Parades" qu'elle présentera aux Instants Chavirés à Montreuil du 18 septembre au dimanche 7 novembre 2021. Elle dévoilera une nouvelle pièce en exclusivité et quatre vidéos plus anciennes.
# 8 - Carte blanche - YASMINA BENABDERRAHMANE
09/10/2020
# 8 - YASMINA BENABDERRAHMANE
09/10/2020
Nous recevrons Yasmina Benabderrahmane
qui a répondu à notre proposition de soirée carte blanche en invitant à son tour plusieurs artistes :
Elsa Brès, Kate Krolle, Thibaud Le Maguer et Faye Mullen ainsi qu'Ana Bordenave, chercheuse spécialisée en art contemporain, qui animera cette soirée.
Programme :
To be veiled de Faye Mullen
Film numérique / couleur / muet / 5’31’’ / 2008.
Mascarade de Yasmina Benabderrahmane
Film super 8 noir et blanc / muet / 1’34’’ / 2008.
Love Canal de Elsa Brès
Film numérique / couleur / 18’00’’ / sonore / 2018.
Demascara de Yasmina Benabderrahmane
Film super 8 / noir et blanc / 1’00’’ / muet / 2008.
I was lying in the darkness de Kate Krolle
Film 16mm / couleur / 10’48 / sonore / 2017.
La Renardière de Yasmina Benabderrahmane
Film super 8 et 16mm / couleur et noir & blanc / 14’29’’ / sonore / 2016.
2 #2 de Thibaud Le Maguer
Performance, 15 min.
Discussion menée par Ana Bordenave
L’ensemble des œuvres de cette séance de projection se rejoignent dans leurs manières de composer les corps en lien avec le reste des éléments à l’image (paysages et éléments, temps et récit). Dans les films, si le corps semble toujours central dans l’image, il est souvent lointain, décomposé ou dispersé, il se soustrait à toute pulsion scopique et identification du public. S’il est le point de départ de l’action et le lieu d’une individualité, il se fait chambre d’écho d’une histoire partagée, si ce n’est sociale. Dans la boucle filmique de Faye Mullen, nous percevons une nouvelle correspondance entre le voile, le corps, le vent et le paysage (To be veiled, 2012). Avec Elsa Brès, la roche nous apparaît partager l’individualité de la voix narratrice, au même titre que les mains et les pieds du marcheur (Love Canal, 2017). Tel que le présente Kate Krolle, les corps en soutien dans le paysage semblent transformer le son des éléments en voix intérieures (I was lying in the darkness, 2017). Chez Yasmina Benabderrahmane, les mains en gros plan et aux gestes rapides cuisinent un poulet pendant que se déroule une parole biographique intime, socialement tabou, l’associant à la banalité du geste quotidien (La Renardière, 2016). D’un côté, les environnements et les éléments évoluent avec, sur et dans ces corps en mouvement. Les films de Kate Krolle et Faye Mullen sont d’ailleurs réalisés à partir d’action performative, dans la lignée des vidéos de restitutions de performance. Avec Yasmina Benabderrahmane et Elsa Brès, les narrations apportent un élément incarné supplémentaire. L’expérience des corps à l’écran, aussi proches qu’ils puissent nous sembler, reste bien différente de celle d’un corps performant, même lorsque celui-ci joue des éléments et des matières qu’il utilise comme ce sera le cas avec Thibaud Le Maguer (2#2). À l’écran, il se compose avec chaque élément qui l’entoure, le vent et la roche, les récits et la gestuelle, formant un ensemble impalpable à la surface, délivré par le temps de la projection. « Est-ce que le corps est là avant l’image, ou est-ce c’est l’image qui ne va pas cesser de l’ouvrir ? » (Nicole Brenez).
La programmation résulte des affinités artistiques et personnelles entre les artistes, tou.te.s ancien.ne.s étudiant.e.s du Fresnoy.
Ana Bordenave
# 7 - ELOÏSE LE GALLO ET JULIA BORDERIE
25/09/2020
Depuis 2016, Julia Borderie & Eloïse Le Gallo, artistes françaises nées en 1989, mettent au centre de leur démarche la rencontre, en ancrant leur processus créatif dans une approche documentaire poétique. Les formes surgissent de l'interaction avec les personnes rencontrées dans des contextes spécifiques. Le sens se construit dans la plasticité des créations comme une mémoire sensible des rencontres humaines. Ce projet de recherche prend diverses formes (expositions, films, performances, antenne radio), incluant de multiples collaborations.
Dans leurs films, différentes échelles, strates du paysages et nature d'images se mêlent. La géologie observée et transformée communique avec ceux qui l'habitent. Comme une épopée cyclique sans début ni fin, Sources suit les pérégrinations de gourdes en céramiques dans les paysages ardéchois, signes du trajet de l’eau des sommets jusqu'aux vallées. Les bassins versants sont ainsi auscultés suivant les lignes de l’eau et des routes, au fil des saisons et des rencontres.
Ces façons de faire qui soulèvent des questions de collaboration, d'altérité, d'interaction et de symbiose entreront en dialogue avec le travail photographique et les questionnements de Pascale Gadon Gonzalez s'articulant autour des modes d'organisation du vivant.
# 6 - FANNY DIDELON ET EMMA BOCCANFUSO
28/08/2020
Deux serveuses s'emparent de leur téléphone et se mettent à filmer leur lieu de travail.
À travers leur écran, nous rencontrons plusieurs voix, souvent particulières. Ces apparentes « brèves de comptoir », sont en fait les paroles d'un autre monde, parfois cruel, parfois tendre, parfois drôle.
Ce voyage de part et d'autre du comptoir, nous vous y emmenons parce que les serveuses c'est nous.
Ce qui advient naturellement dans le café, presque chaque jour, c'est finalement, une certaine lisibilité des différents rapports qu'il peut exister entre des hommes et des femmes, entre les clients et nous. Chaque jour, le café devient la scène d'un spectacle dont on ne saisit pas précisément le genre; parfois vaudeville, ou romance, souvent comédie et même tragicomédie...Le café est un cadre, et ce cadre a une temporalité qui fait que les personnes évoluent, s'apprivoisent, se livrent, se regardent, et s'attachent.
La soirée sera pour nous l'occasion de vous parler de l'histoire du film et de ses personnages, à travers une discussion menée par Laure Giroir.
Café, verre d'eau, documentaire de Emma Boccanfuso & Fanny Didelon, 53'
(extrait: https://vimeo.com/374964216 )
# 5 - SARAH SRAGE
08/11/2019
Sarah Srage, Enfants de Beyrouth, 2017, Film couleur, HD, 59’,
produit par l’atelier documentaire (bande-annonce : https://vimeo.com/220638279)
Sarah Srage : En réalisant Enfants de Beyrouth, je me suis confrontée violemment à un sentiment de perdition. Dans le film, j’interroge mon père Nader, un ancien fonctionnaire d’état, sur son travail pendant la reconstruction de Beyrouth après-guerre, et je filme Dalieh, un petit port de la ville où les dernières familles de pêcheurs sont chassées pour la privatisation du quartier. Le filme raconte cette dépossession.
Urbain Gonzalez : Un rivage. Il y a des gens, rassemblés, là. Des adultes et des enfants. Les adultes dissertent, rient, fument. Les enfants jouent. Ils ont construit un abri qui est le lieu de quelque histoire. Les adultes « refont le monde ». Les enfants aussi. Il n’y a pas de femmes. Il y a la mer, tout autour. [...] J’ai pris cette photographie en 2013, au cours d’un voyage à Beyrouth. Je rendais visite à une amie, Sarah Srage, qui réalisait un film sur un lieu appelé Dalieh, situé un peu plus loin sur la côte.
Au-delà du moment raconté par ce film, et de ce qui distingue ces deux œuvres (la deuxième formant un commentaire de la première), au-delà des différences entre le film et l’image seule, l’enquête au long cours et l’instantané, la critique et l’idéalisation, quelque chose persiste de Dalieh, échappe, nous échappe: une réappropriation populaire qui continue d’avoir cours à Beyrouth. Elle appelle à penser, à débattre, à de nouvelles formes de création.
Sarah Srage est cinéaste et plasticienne. Son travail filmique a trait aux questions des manières d’habiter, de la forme des territoires et des mémoires collectives. Témoignages, récits et fables nourrissent ses œuvres documentaires.
Urbain Gonzalez est artiste et chercheur. Ses expériences, théoriques et pratiques, individuelles ou collectives, tentent notamment de nourrir un questionnement d’ordre politique, et de mettre en jeu, par voie de métaphores, le modèle de la musique.
# 4 - CHLOÉ MOSSESSIAN
23/08/2019
Concert for the Sun, de Chloé Mossessian et Henry Mittnacht, Ce Corps Imaginaire, de Claude Mossessian
Deux films seront projetés l’un à la suite de l’autre. Ils sont réalisés avec trente ans d’écart, mais peuvent se regarder en miroir tant ils se reflètent et se font écho. Se reflètent car tous deux sont des odes à la lumière, à ses éclats et à ses variations. Se font écho comme des respirations parfois lentes ou saccadées, les plans se succèdent, accompagnés d’un rythme qui traduit la musicalité de cette danse du soleil, que l’on peut contempler dans la nature, l’architecture ou au quotidien.
Pour commencer, un court-métrage d’architecture sur le Couvent de la Tourette, Ce Corps Imaginaire, réalisé en 1988 par Claude Mossessian. “L’architecture, c’est le jeu savant, correct et magnifique, des formes sous la lumière, n’est ce pas ?” disait Le Corbusier. Une formule que l’architecte décline à merveille pour un usage spirituel et contemplatif dans cette oeuvre qu’il réalise pour une communauté religieuse. Un bâtiment composé uniquement de béton brut, et de lumière. Claude Mossessian y passe une semaine au printemps 1988, et filme les mouvements, parfois imperceptibles, de la traversée du soleil au fil de la journée sur les surfaces planes ou en relief, de béton ou de verre.
Puis, le film/installation Concert for the Sun, travail à quatre mains de Chloé Mossessian et Henry Mittnacht, où l’écriture des images a été créée en simultané avec la composition musicale. La narration du film contient des images d’archives filmées par Claude et Laurence Mossessian dans les années 1980, ainsi que des “photographies en mouvement” filmées par Chloé Mossessian dans l’alternance de la lumière solaire et lunaire. Évitant l’usage des mots, le film tente de composer une impression visuelle et musicale sur le passé et le présent, et explore le langage du Soleil comme un instrument de linéarité, comme un rappel lumineux de ce qui est éphémère, chaotique et informe : la nature de notre être.
Chloé Mossessian est artiste vidéaste diplômée des Beaux-Arts de Paris. Henry Mittnacht est compositeur et scénariste. En parallèle de leurs pratiques individuelles, ils forment un duo d’auteurs-réalisateurs.
Claude Mossessian est réalisateur de portraits d’artistes et de films d’expositions.
Mathilde Ayoub, chercheuse en art contemporain et commissaire d’exposition, est actuellement en résidence au Couvent de la Tourette.
14/06/2019
# 3 - MEHDI BESNAINOU
“À l’occasion de VHS, je présenterai plusieurs vidéos réalisées au cours de ces dernières années. Je parlerai de mon fonctionnement de travail en lien avec mes obsessions, dérisoires et universelles, psychologico-métaphysiques et désuètes.
Je profiterai de cette entrevue pour inviter Lies Dousnais, mathématicien et astrophysicien Bulgare, avec lequel je travaille actuellement à l’élaboration d’une encyclopédie de formes qui fera office d’exposition à la rentrée prochaine.
Une discussion ouverte sera possible après chaque film projeté et/ou à la fin de l’entrevue.
Au programme : analogie, forme parfaite, jeux d’enfants...”
Le travail de Mehdi Besnainou questionne avec humour et sarcasme les rites, codes et tendances actuelles de sa génération dans son aspect socio-culturel, métaphysique, religieux ou encore philosophique.
Que ce soit dans ses pensées les plus introspectives ou dérisoires sur la condition humaine, ses troubles et dilemmes face à l’hygienisme, au transhumanisme ou à sa société de consommation standardisée, il se caractérise par un jeu permanent entre language oral, écrit et dessiné, repertoire journalier compulsif d’analogie formelles sur les mouvements du monde globalisé, à la manière d’un polymathe à l’ère du numérique. Partant du dessin et de l’écriture, sa pratique artistique s’étend à tous les champs possibles de la création : la peinture, la vidéo, l’installation, la performance et la musique.
Comme matrice à ces proliférations, il développe depuis peu une forme spécifique : la tv show. Il présentait ainsi récemment au public du Palais de Tokyo le second épisode pilote de son projet vidéo : Télé Palmtree, dans lequel il joue la plupart des rôles dont celui du présentateur télé, lançant autant de jingles que de rubriques en tous genres, pubs, documentaire ou interview d’invités improbables.
# 2 - SAMI TRABELSI
31/05/2019
Capture d'écran extraite de Watissart, 6mn39, en collaboration avec S. Laporte ©Laporte/Trabelsi
Sami Trabelsi, artiste photographe et vidéaste présente deux courts métrages réalisés en collaboration avec Stéphane Laporte (Domotic) au cour d'une résidence à la Gare Numérique de Jeumont ville frontalière avec la Belgique. Les films n'ont été montrés qu'une seule fois début 2016 pour la soirée de clôture de la résidence et seront donc montrés en exclusivité pendant la soirée du Houloc
Sami Trabelsi invite Christine Blanchet, commissaire d'exposition avec qui il travaille depuis plusieurs années à discuter autour du travail et des films en compagnie dePhilippe Fauvel, acteur des deux films et Stéphane Laporte, musicien compositeur.
Christine Blanchet, critique et historienne d'art
Diplômée d’un doctorat en Histoire de l’Art, Christine Blanchet est commissaire d’exposition indépendante depuis 2010. Depuis lors elle assure de nombreux commissariats ou co-commissariat d’exposition comme notamment : Appel à peinture, Claude Rutault (2008), En mémoire (2015- Jean-Pierre Bertrand, Eric Manigaud et Nicolas Daubanes) aux Archives nationales, Sous l’ombre des vagues (2018), à la maison natale de Debussy à Saint-Germain-en-Laye dans le cadre du centenaire de la mort du compositeur, Le Vitrail contemporain (2018) au couvent de la Tourette… Plusieurs cartes blanches dans des galeries privées à Paris lui ont permis de défendre des artistes comme Pablo Garcia, Nicolas Daubanes, Eric Manigaud, Myriam Mechita ou Carmelo Zagari...
Stéphane Laporte
Que cela soit sous le nom de Domotic ou avec l’un de ses projets parallèles (Centenaire, Egyptology, Karaocake), Stéphane Laporte éclaire discrètement la musique pop-expérimentale depuis 2001 . En plus de sa pratique de mixeur / producteur ( Orval Carlos Sibelius, Forever Pavot , Klub des Loosers, Xavier Boyer) il compose également de la musique pour films d'art (Louidgi Beltrame , Louise Hervé et Chloé Maillet, Sami Trabelsi ) ou de cinéma ( James P. Gannon, Tom Gagnaire , Sebastien Auger , Costa Gavras ).
Philippe Fauvel, critique de cinéma
Il enseigne le cinéma à l’université Jules Verne Picardie. Il a écrit dans la revue Vertigo dont il a été membre du comité de rédaction et collabore à Positif, Critique ou Trafic. Il est co-auteur avec Noël Herpe du livre sur Eric Rohmer Le Celluloïd et le Marbre (Léo Scheer, 2010) et a conçu le livret du coffret dvd Le laboratoire d’Éric Rohmer – un cinéaste à la Télévision Scolaire (SCEREN – CNDP 2011).
# 1 - CHARLOTTE EL MOUSSAED
19/04/2019
Les Malassis, 2017 - Charlotte El Moussaed
J'emprunte l'appellation Les Malassis à un quartier de Bagnolet.
Il y a de la littérature dans ce mot, ce pourrait être le titre d'un roman de Victor Hugo.
Je fais des œuvres pour trouver des titres.
Un homme qui dort, ça dit le masculin. Le texte décrit l’oisiveté, le désenchantement, la paresse,
l’indifférence, mais découpé, recollé, décontextualisé, ça parle aussi de plaisir, d’activité, de répétition,
d’ennui, ou encore d’attente forcée.
Je me demande si ce personnage aurait pu être une femme.*1
p.75 : Tu es étendu, tout habillé, sur la banquette, les mains croisées
derrière la nuque, genoux haut. Tu fermes les yeux, tu les ouvres.
[…]
p.76 : Au fil des heures, des jours, des semaines, des saisons, tu te
déprends de tout, tu te détaches de tout. Tu découvres, avec presque,
parfois, une sorte d’ivresse, que tu es libre, que rien ne te pèse, ne te plait
ni ne te déplaît.
[…]
*2
*1 Extrait de l'entretien avec Marie Gautier. Les Malassis, vidéo 2017.
*2 Un homme qui dort. Georges Perec, ed. Denoël, 1967
Projection de Les Malassis et Rembobiner - Poèmes choisis suivi d'une performance de Fériel Boushaki, invitée par l'artiste.